Comment oseriez-vous répondre non ? Lorsque vous n’avez rien à cacher, vous ne pouvez pas faire de distinction entre ce que vous admettez rendre public et ce qui vous dérange un peu plus. Dès lors que vous imposez une barrière, vous avez quelque chose à cacher (et c’est bien normal !).
Nous autres, êtres humains, nous distinguons les uns des autres parce que nous avons tous une vie privée, une intimité que nous ne dévoilons pas à tout bout de champ.
surveillance Depuis des années, les agences gouvernementales et autres services secrets s’affairent à créer des graphes sociaux, représentants les liens entre individus. En effet, une personne peut devenir intéressante du jour au lendemain, que ce soit parce qu’elle devient célèbre, nuisible ou simplement parce que ses opinions (politiques, religieuses) ne sont plus en phase avec le gouvernement en place.
Lorsqu’une personne est placée sous “surveillance”, son entourage l’est également, ce qui se traduit par une surveillance des personnes à deux voire trois degrés. En prenant en considération la théorie des six degrés de séparation (voir également l’étude du petit monde datant de 1967), cela représente beaucoup, beaucoup de monde. Vous pouvez donc, à votre insu, être surveillé, même si vous n’avez rien à vous reprocher. En 2011, l’Université de Milan a montré qu’en moyenne un membre du réseau social Facebook est séparé de tout autre membre par 4,74 relations.
transparence Si vous n’avez rien à cacher, vos proches ont probablement un avis différent, et vous les mettez soit en danger, soit dans une position délicate si ce que vous n’avez pas à cacher de votre côté se retourne contre eux. Les licenciements Facebook survenus ces dernières années en sont de très bons exemples.
Vous ne pouvez pas être certain que ce que vous faites aujourd’hui ne sera pas interdit demain. Vous avez raison en un sens, vous n’avez rien à cacher aujourd’hui, mais vous ne pouvez pas savoir ce qu’il en sera demain. Sinon, soyez bien sûrs que les juifs d’Allemagne en 1936 se seraient bien gardés d’aller se déclarer (la répression est arrivée ensuite). L’histoire est là pour nous rappeler que le pire peut effectivement se produire.
transparence Pour terminer cette introduction, vous n’êtes pas à l’abri d’abus comme ces employés victimes de l’utilisation abusive de la géolocalisation par leurs employeurs.
Vous trouverez ci-dessous un ensemble de ressources variées sur le sujet pour mieux comprendre les enjeux et implications.
« Mais que dire à ceux qui n’ont rien à cacher ? » Depuis les révélations d’Edward Snowden, nous savons désormais que l’information recherchée n’est pas ce que nous disons, mais à qui nous le disons. Ce que veulent les états, c’est tout savoir de nos réseaux. Nous en venons à une question bien plus précise : pourquoi doit-on protéger ceux avec qui on échange ? Parce qu’aujourd’hui, il ne s’agit plus uniquement de se protéger soi-même mais surtout de protéger les autres.
En guise de complément, vous pouvez également lire Pourquoi la NSA espionne aussi votre papa (#oupas).
La Confiance en l’Economie Numérique (LCEN) est une loi qui impose aux acteurs d’Internet d’agir en retirant tout contenu manifestement illicite signalé (cf. cette fiche de service-public.fr). Cette même loi prévoit également que des sites comme Facebook ou Twitter conservent pendant un an des données relatives à quelqu’un qui a créé ou supprimé un contenu chez eux. Ce dispositif est prévu pour aller vite dans le cadre d’enquêtes des services de renseignement et dans ce cas-là, aucun juge n’est saisi. Ainsi la loi transforme ces entreprises en police privée.
Depuis 2014, une loi visant à renforcer la lutte contre le terrorisme permet, sans aucun juge, le blocage de sites faisant la promotion du djihad et du terrorisme, ainsi que leur déréférencement (disparition des résultats des moteurs de recherche). Ces blocages sont inefficaces et simple à contourner. Le risque majeur est le surblocage, comme ce qu’il s’est passé en Australie, courant 2013.
Le droit français comporte de nombreuses lois pour contrôler Internet. En ajouter de nouvelles semble donc difficile…
Au travers d’une anecdote et bien loin d’Internet, ne rien avoir à cacher parce que l’on n’a rien à se reprocher est inexact dans la mesure où ce n’est pas vous qui choisissez ce que vous vous reprochez, mais bien les autres, ceux qui étudient, épient vos informations.
On pense que de simples bribes d’informations nous concernant son anodines, pourtant la surveillance généralisée et la consolidation de ces données permettent d’établir des corrélations insoupçonnées.
Google pense que « si [nous faisons] quelque chose [que nous souhaitons] que personne ne sache, peut-être [devrions-nous] commencer par ne pas le faire » et que « la vie privée pourrait en réalité être une anomalie ». Pourtant nous utilisons tous plus ou moins ses services et ceux des entreprises qui développent le même mode de pensée sur Internet. Mais au fait, n’avons-nous vraiment rien à cacher ? – Transcription proposée par l’April / Transcription des questions du public
Cette vidéo a été enregistrée le 14 avril 2015. Vous trouverez plus d'informations en suivant ce lien.
Des lois censées vous protéger aux entreprises qui rêvent de tout savoir sur vous, il devient de plus en plus compliqué de garder sa vie privée « privée ». Ça l’est encore plus lorsque les principaux concernés vous répondent « Je n’ai rien à cacher ». Cette affirmation est-elle vraie ? À quels risques nous expose-t-elle ? Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés à tout ceci et, plus important encore, comment faire pour prendre pleinement conscience que si… nous avons tous quelque chose à cacher. – Transcription proposée par l’April
Cette vidéo a été enregistrée le 21 juin 2013. Vous trouverez plus d'informations en suivant ce lien.
Pourquoi est-ce si important d’assurer la protection de nos données personnelles ? Après tout, les honnêtes citoyens ont-ils quelque chose à craindre des surveillances de masse ? Réponse en chanson !
Cette vidéo a été enregistrée le 06 février 2014.
Expliquer en détail et de manière organisée pourquoi nous avons tous des choses à cacher, pour nous ou pour ceux avec qui nous sommes en relation, et proposer un guide de survie en milieu hostile (repas de famille, par exemple) permettant la prise de conscience. – Transcription proposée par l’April
Cette vidéo a été enregistrée le 21 juin 2015.
Partage d’arguments pour répondre au fameux « je n’ai rien à cacher ». – Transcription proposée par l’April
Ce podcast a été enregistré le 05 septembre 2016. Vous trouverez plus d'informations en suivant ce lien.
Dans une société totalitaire, son gouvernement Big Brother surveille ses citoyens et impose une discipline de fer.
La mise en place d’une surveillance massive a été facilitée parce que les citoyens pensaient que, puisqu’ils n’ont rien à se reprocher et encore moins à craindre, alors ils n’ont rien à cacher. Cet argument avait été avancé par Joseph Goebbels en 1933 (archive).
L’ordre sécuritaire se targue de réussir à impliquer tous les citoyens dans la protection de leur environnement. À cet effet, il déploie toute une technologie destinée à une protection pro-active visant la recherche d’intentions coupables, avant même que l’acte ne soit commis et que les faits avérés ne soient établis.
Jérôme Thorel décrypte ces mécanismes qui ne peuvent que nous inquiéter sur ce qu’on prétend élaborer en notre nom et pour notre soi-disant bonheur.
Un homme, Joseph K., est arrêté mais il lui est impossible d’en connaître le motif. Il essaie désespérément de trouver pourquoi, et découvre bientôt une court de justice qui possède un dossier épais sur lui.
Ce livre révèle le problème d’une administration qui utilise vos données personnelles pour établir des faits, en tirer des conclusions et émettre un jugement, tout cela sans que vous puissiez savoir comment vos propres données sont utilisées. Lorsque vous n’avez rien à cacher, toute information sur vous peut être détournée ou croisée avec d’autres faits complètement différents mais qui donneront un tout autre sens.
Matin brun est une nouvelle et un apologue français. Vous pouvez la lire en suivant ce lien (PDF).
Ce livre montre comment un régime totalitaire peut se mettre en place rapidement pour peu que l’on ne fasse pas trop attention ou que, par peur ou par soumission, nous nous plions trop rapidement aux nouvelles règles établies.
Appels téléphoniques, SMS, chats, recherches Google, statuts sur Facebook : chaque jour nous communiquons des données sur nos fréquentations, nos opinions, nos habitudes, nos peurs, nos désirs ou nos pensées intimes, sans nous soucier de ce qu elles deviennent. Or ces informations privées sont enregistrées, stockées et peuvent facilement être analysées et exploitées. À l heure où nous échangeons de plus en plus via Internet, des systèmes de surveillance globaux se déploient pour tirer profit du nouvel or noir du XXIe siècle : les données personnelles.
Internet, ce formidable outil d émancipation, est-il en train de devenir le plus efficace instrument de contrôle jamais mis en place ?
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